Fabienne Morand

Fabienne Morand

Journaliste RP Freelance, Vaud, Suisse

Reportage

Déneiger au petit matin

APPLES Au village, lors de chutes de neige, Jean Kellerhals et Pascal Santschy déneigent les routes dès 4 heures. Reportage.

Article paru le 13 février 2013 dans La Côte. Texte: Fabienne Morand. Photo: Audrey Piguet. PDF

La main gauche sur le volant, la droite sur les manettes, légèrement penché en avant pour mieux voir, Jean Kellerhals est attentif au moindre flocon. Avec l’or blanc tombé en ce début de semaine, les journées sont longues et les nuits courtes pour les deux employés communaux d’Apples. Comme la plupart de leurs confrères, les hommes se lèvent au milieu de la nuit pour déneiger les routes de leur commune.

Alors que Jean Kellerhals, plus connu sous le surnom de «Kéké», s’occupe des routes, Pascal Santschy, dit «Pac», déblaye les rues du village. «Je n’ai pas un ordre précis, si ce n’est que le collège doit être nettoyé pour 7h30», explique ce dernier. Il est 4h30 en ce mardi (hier) de février, «Pac» vient d’arriver au local de la voirie d’Apples. D’un pas vif, il se dirige vers son véhicule avec la petite lame et c’est avec la même énergie qu’il appuie sur l’accélérateur pour ôter les centimètres de neige qui recouvrent les rues du village.

Le chant du coq est encore loin de résonner
Jean Kellerhals est déjà sur le pied de guerre depuis 4 heures du matin. Habitant à quelques centaines de mètres du local, c’est à pas feutré qu’il s’est faufilé dans le bâtiment pour sortir son véhicule. L’engin est un peu plus gros que celui de son collègue. Des chaînes ornent les roues avant. «Autrement, je n’avance pas, précise-t-il. Et je les laisse, car elles pèsent 40 kilos, difficile de les installer quand on est planté dans la neige.» Alors que Pascal Santschy circule dans les petites rues, «Kéké» parcourt les quarante kilomètres de routes communales. Les cantonales sont déblayées par une entreprise. «Qui facture ses heures à la commune», ajoute-t-il. Quant à lui, son travail nocturne est compris dans son contrat d’employé communal.

Arrivé sur une route cantonale, Jean Kellerhals lève sa lame pour se rendre sur un autre chemin à nettoyer. En face arrive au même instant une grande lame. Pas le temps de se saluer, les hommes se dépêchent de pousser la neige accumulée durant la nuit. «On commence quand on veut, mais on a meilleur temps de le faire avant qu’il y ait trop de voitures sur la route, relate l’habitant d’Apples. Hier (lundi) on a désencombré les routes trois fois. Deux fois de suite le matin et une fois en début de soirée.» La neige est effectivement tombée en une seule fois. De quoi donner du travail supplémentaire aux employés communaux.

Quelques mécontents
Le compteur affiche 30 km/h, arrivé à la hauteur des maisons En Bramafan, «Kéké» ralentit. «Je n’ai jamais abîmé de voiture, je touche du bois», dit-il en portant sa main à sa tête.Et si une voiture est mal parquée? «Je vais sonner à la porte. Les gens connaissent les règles, car ils ont tous reçu un papier de la commune.» Il est un peu plus de 5 heures, le véhicule reprend la direction du centre du village pour dégager d’autres quartiers.

Pendant ce temps-là, Pascal Santschy avance, petite rue par petite rue. Vers 5h20, il se retrouve presque sous les fenêtres, encore sombres, du syndic. En quelques minutes, il effectue cinq à six allers retours dans la ruelle en face, juste devant la cure. Les flocons continuent de tomber, mais pas assez vite pour recouvrir le bitume. Les habitants pourront partir au travail sur une route dégagée. Et pour les râleurs? «En général ça se passe bien», tempère Pascal Santschy. «De toute façon, on ne peut pas contenter tout le monde, ajoute Jean Kellerhals. Il y a ceux qui disent que ça va bien et d’autres qui se plaignent. Mais ça nous passe au-dessus». Avant d’ajouter avec un petit sourire: «Et on peut diriger la lame du côté que l’on veut, alors ceux qui rouspètent tout le temps…»